Passager en première classe d’un train du passé, A vive allure sans arrêts et sans destination, Défilent de vaporeux paysages sombres et floutés, Traversant l’intemporel et de funestes saisons.
Je suis ce passager en première classe, Au destin anéanti sans billets et bagages, Le cœur vide dans un esprit de glace, Où vibrent des voix et brillent d’anciens visages.
Dans sa dynamique le dragon de fer crache sa fumée noire, Crisse ce long charroi où il n’y a ni chauffeur ni équipage, De lourdes tentures de velours et de larges miroirs, Où se cachent et reflètent des ombres sans âge.
Je chuchote, je chante et fredonne de veilles mélodies, Je me raconte une vie sans intérêt et sans passion, Je fais des gestes galants en récitant d’antiques poésies, Tout mon univers demeure ici dans ce funèbre wagon.
Je ne suis qu’un passager oublié d’un autre temps, Un ectoplasme, un souffle froid qui hante avec mélancolie Ce train invisible qui me berce avec ses bruits de roulements, Une solitude teintée de voyages inachevés où s’étiole ma nostalgie.