Autocritique
Quand je regarde mon visage,
Face de clown, sans besoin de maquillage,
Une tête à blagues dans de grosses joues,
Avec ou sans grimaces car il s’agit bien d’un tout.
Face de fesses parfois, des rougeurs hilarantes,
Hantent mon épiderme, ma barbe amusante,
Avec ou sans cheveux, j’ai essayé les deux,
Jouer de sa pilosité ne rend pas plus sérieux.
Je nettoie ma figure d’un gant d’eau glacé,
Mais le ridicule ne s’est jamais effacé,
Tête à claques salit le miroir des toilettes,
Je suis acteur d’un cirque qui jamais ne s’arrête.
Traces de larmes sur cette gueule cassée,
Trop graissée, disgraciée à jamais par la Beauté,
Tête d’enterrement, placée derrière l’affiche des autres,
A la santé des fichés « moches » alors, à la nôtre !
Regard de peluche, le nounours rassurant,
Pour ça oui, ils m’aiment bien les enfants !
Autant que la Bête, que le Bossu de Notre Dame,
Tant que la laideur n’appelle pas l’infâme.
Après la gueule de bois, intervention de multiples,
L’oeil gonfle, veineux, le double menton triple,
Figure sans logique , figure géométrique,
Un vrai Picasso, selon l’opinion publique.
Tronche de tyran quand je ne souris pas,
Pour être franc, à peu près deux mois sur trois,
A défaut d’attirer, je menace, le front défiant,
J’envisage, lèvres serrées, dévisager les jolis gens.
Quand je regarde mon visage,
Envie d’une humiliation, d’un poème de rage,
Parce qu’avec une tête pareille, si ravagée,
Pas le droit d’être amoureux, de s’imaginer concerné...