Reine de mes désirs, Ton ombre déjà divine, Est un insomniaque dictateur ; Un maître râleur, habitué Sans le savoir, à me faire courir. Silhouette liquide, je te bois Et abreuve mes songes imprudents De ce plaisir visuel. Délicieuse approche, Je fonds ta poitrine Dans un moule imaginaire, Dessine une paix triomphante Par ces contes virtuels. Je séjourne dans le sacrifice, Eponge les tâches d’audace, Et l’impulsion des minutes égarées.
Mais la peine s’avère corrosive, Elle attaque mon être, Quand tu embrasses cet autre, Cet innocent meurtrier... Infernale résignation Qui me coupe les yeux, Je goûte l’injustice sentimentale, Avale la suffisance salée, Recrache la bonne dignité, Et m’étouffe sous les nuits solitaires. Je t’offre encore ces sourires, En pâte pâle d’idolâtrie ; Cruelle comédie : tu ne vois rien Derrière l’ami que tu as fait. Je cicatrise dans la fournaise du silence, La langue de mon amour est brûlée.