Souffle d'adieu
Aube tout juste levée étale à son gré,
La pâte orangée sur une plate clarté,
Dans la toile bleue, grand sommet de l’infini,
Où la femme aux cheveux roses, céleste vie,
Comme tous les jours caressait le doux matin,
Comme toujours, lui donnait l’aspect d’un bon vin.
La raison fane tandis que pousse l’azur,
Noirceur flétrie, floraison de ce qui est pur,
Lointain magique, semblable aux premières fois…
Rien a changé, tout est pareil, tout bien là.
Quotidien éternel se rhabille et se penche,
Surveille l’humanité, perché sur sa branche,
Tel un bourreau gardant les hommes inconscients,
Dont l’espèce se déchire en plusieurs fragments ;
Certains vomissent l’indigeste lassitude,
Servie le midi dans la prison d’habitude.
Simple ligne droite, absence de carrefours,
Immense tracé sans virages, sans détours,
Finalement, on ne fait qu’évaluer les dégâts…
Rien a changé, tout est pareil, tout est bien là.
Temps fuyant dont rien n’arrête l’écoulement,
Ma journée fut aussi rapide que le vent,
J’ai vu l’Aube se dérouler, puis s’estomper,
Ainsi que mon Quotidien ; tout s’est terminé ;
Alors, encore d’autres rides se dessinent,
Invisibles sur la surface des joues fines.
Assassin du présent que tu aimes détruire,
Amenuisement de nos meilleurs souvenirs,
Injuste puissance aux incontournables lois…
Rien a changé, tout est pareil, tout est bien là.
Nuit déjà a lâché son encombrant rideau,
Les papillons reviennent avec leurs manteaux,
Puis l’euphorie des senteurs jamais en retard,
Embrasse le désordre des âmes bizarres ;
Et la plume des caprices devient glissante,
Quand je me rappelle ta tendresse brûlante.
Assis sur l’herbe noire en ressentant la terre,
Des bouts de papier écorchés pour cet hiver,
Aujourd’hui, j’ai perdu le refrain de ta voix…
Tout a changé, rien n’est pareil, tu n’es plus là.
