Retour en enfance
Retour à la brume d'un automne glacé,
Où je vis disparaitre mes tout premiers émois,
Où j'accueillis l'adulte, sournois, qui sommeillait,
Observant mon enfance pour la dernière fois.
Subsistent, au fond de moi, des souvenirs anciens,
Reflets dans les eaux calmes des premières lueurs,
Parfums d’herbes séchées portés par les embruns,
Que la brise d’été pousse jusqu’à mon cœur.
Au pied du Castellan j’entends encore les cris
Des assauts héroïques que nous menions aux bois,
Chargeant, sabre à la main, pour vaincre l’ennemi,
Mélodies oubliées de mes épées de bois.
En ce lieu insolite j’ai dompté l’amazone,
Escaladé les neiges aux cimes du Mont Blanc,
J’ai traversé les jungles, volé comme personne,
Pour parcourir le monde, j’étais un goéland.
J’ai traversé le temps jusqu’à ce jour maudit
Où s’est évaporée mon imagination,
Où dans l’eau de l’étang, se sont évanouis,
Le temps de l’innocence, les joyeuses saisons.
L’onde que doucement le soleil évapore
Recouvre la colline d’un voile immaculé,
Etire, au ciel, ses bras pour une fois encore,
Ramener les enfants, par la vie, égarés.
Répondant à l’appel sur mes pas je reviens,
Au miroir enchanté je dépose les armes,
Interminablement je pleure mon destin,
A cette mare qui, toujours, veille mon âme.
Alors, le cœur léger comme en ces temps lointains,
De cette tâche sombre, surgissant de l’oubli,
Pour un instant fugace, dans l’eau se mire enfin,
Le garçon que j’étais, la mine réjouie.
Si, un jour, vous croisez le vieil homme éploré,
Au bord de son étang, pêchant ses souvenirs,
D’un petit mot aimable vous pourrez consoler,
Un enfant dont le cœur n’a jamais pu partir.