C’est le moment précis où René croise le regard de Jeanne. Tout droit rentré du bistrot Où il a laissé son solde, il s’arrête. « Après douze ans, je te le redemande Jeanne. C’est mon droit d’époux que je te réclame ». … Silence dans la pièce. … La pièce rend le silence emprunté. … La vieille répond par un regard de défi, les poings serrés. … Le temps s’invite, discret mais déterminé. … « Tu me le dois », lui hurle-t-il de son haleine imbibée. Un long moment de silence souligné par Le pendule sur la cheminée du salon Plonge le vieux dans un chaos de doutes houblonneux.
…
Par dépit, elle dévoile son corps flétri De la robe mitée et trop longtemps portée qui la cachait. Jeanne retint les mots de haine qui lui arrachaient La tête ; l’homme se rapprochait péniblement Sous le seul bruit de son souffle haletant. … Les autres sons n’avais pas d’invitation. Ils resteront sur le paillasson. … La main du vieux, cornée par le ciment et le temps, Encercla l’unique sein stalactite de l’acariâtre A la peau diaphane parsemée de zébrures veineuses. … Le gris est de rigueur souffla le temps au silence nu. « Est-ce la fête ? » lui demanda ce dernier ? Le temps ne répondit pas et le silence s’installa. … Lorsque René tendit l’autre main Vers le sexe perdu et stérile, Il se fit stopper par la force du désespoir De sa femme et bourreau. « Que tu salisses, Que tu déchires, Que tu exultes, Tu es seul mon pauvre René ».
…
A l’unisson, un râle colérique monta Des deux vieilles cheminées bouchées. Alors vieille branche, tu jouis ? Les corps se raidirent Et vomirent sur le sol Comme s’ils n’étaient Qu’un.