Souffle né de ton souffle sang né de ton sang, Comme un rayon de ciel descendu sur terre, Voici venir à toi l’enfant de mon enfant, Porteuse du fil d’or qui clôt l’ancien mystère.
Ses matins fous en ta maison sont les plus beaux : Tu te surprends à la guetter avec envie Quand, de son rire frais écartant les rideaux, Sur la pointe du jour elle entre dans ta vie.
Femme déjà ! … La contenter est tout un art ! (Faut-il que vous soyez innocents vous les hommes !) Pourtant comment ne pas craquer quand son regard Te toise avec aplomb du haut de ses trois pommes.
Dès qu’elle prend ton cœur dans ses petites mains, D’un envole d’oiseaux bleus s’affole ton feuillage Et vous voici, tous deux, par les mêmes chemins, Elle, son pas léger, et toi, tes trente ans d’âge.
Son printemps plante en toi ses sautes de couleurs ! Sa pluie ensoleillée auréoles la peine ! Dans les jardins fanés, sa musique de fleurs Se fond dans les parfums de sa pure fontaine !
Et moi, je reste là, rêvant de cette enfant Qui vient, pour rappeler aux peuples leur folie, Dire à ces rescapés d’un monde survivant, Par son chant maladroit la Parole accomplie …