Pour l’enfant, il semblait un cotonnier fleuri ; Ses cheveux buissonnaient sur son corps rabougri. Il lui contait son île, une lèche de terre Au volcan sulfureux enfiévré d’un cratère.
Les zombis, les oiseaux, mais aussi les démons, Et des êtres velus englués de limons S’abritent dans ses flancs que bleuit le nuage, Quand se voile de mauve un lambeau du rivage.
Des lianes semblant tomber du fond des cieux, Enlacent les manguiers aux rameaux orgueilleux. Gommiers et acajous, cases rapiécées, S’élancent à l’assaut des terres convulsées.
S’estompent les couleurs dans les plis de la nuit Venus d’un autre temps, les esprits de minuit Animent ces halliers d’un tam-tam nostalgique, Où frémit l’orchidée aux rythmes de l’Afrique.
Ainsi l’homme chantait son île aux belles eaux, Décrivait à l’enfant d’invisibles oiseaux Attirés par des sons triomphants ou funèbres, Vers un monde irréel, en de glauques ténèbres…