J’ai brossé mon ciel lourd de courroux et de peine, Puis rebâti ma vie en des sables mouvants. Dans ce désert glacé, pour inhumer la haine, J’ai sculpté son tombeau sous les psaumes des vents.
Pourtant le cœur s’émeut aux souffrances de l’âme Que vient frôler l’appel de désirs imprécis ; Aux tendres souvenirs qu’anime encor la flamme D’un feu mystérieux sous leurs haillons roussis.
Dans l’ombre du jardin où le Temps se repose, La mousse a reverdi sous les saules en pleurs ; Mais l’oiseau s’abreuvant au creux du marbre rose Recherche en vain l’oubli d’impossibles bonheurs…
Errances du passé dans le bleu des glycines… Les blonds pastels de l’aube éveillent des hautbois, Des bassons enchantés, puis des harpes divines, Pour escorter l’Amour sur son chemin de croix…