Ils sont là, sur la plage, allongés tous les deux, Sans aucune pudeur et sans la moindre honte, N’ayant pour se vêtir que la beauté des dieux, Et l’ambre de leur corps, que mon regard affronte.
Je reste médusée en regardant leurs mains Dont le toucher savant échange des caresses, Légères sur leur cou, joueuses sur leurs reins, Pour s’affirmer plus bas en de folles promesses.
De ce couple qui rêve à d’impossibles ciels, Je réprouve d’abord la choquante luxure, Mais perçoit tant d’amour, de sentiments réels, Que mon dur jugement révise sa censure.
Je repense à la Grèce, à ses antiques mœurs Où les thermes offraient des voluptés furtives A de fiers Adonis et de vils gouverneurs Qui mêlaient leurs désirs dans le flot des eaux vives.
Si j’étais un sculpteur, Michel-Ange ou Rodin, J’immortaliserais cette étreinte plastique, Le péché devenant, sous mes coups de burin, Le chef d’œuvre sacré de l’amour érotique.