La caravane ondule au lointain Hoggar : Méharis habillés de pâleurs irréelles, Aux jambes d’échassiers, aux balzanes si belles, Encolure du cygne et bleu pur du regard.
A l’heure de l’açer, ils viennent des tropiques Les seigneurs du désert aux voiles indigos, Et le litham troué par leurs yeux d’hidalgos Filtre le vaste éclat des gloires olympiques.
Comme un livre enchanté se feuillette la nuit Que soudain encrerait une ombre violette : Messages inconnus, minérale amulette, Etrange éclosion d’un rutilant minuit …
Sur les flancs du djebel s’élève la prière … Tout un monde fantôme en cette immensité ! O souffle du désert, mauve complicité, Remugle des chameaux au couloir de l’ornière.
Puis les restes sacrés d’étendards ors et verts Qui montent dans le soir tant de gardes soyeuses … Sur la steppe d’alfa leurs franges orgueilleuses Caressent les grenats d’un mystique univers.
Quand les feux de thuya diffusent aux étoiles Leur parfum crépitant de joyaux éclatés, Quand l’armoise s’exhale en de vertes clartés, Dieu signe d’un croissant les décors de ses toiles.