Ô forces du destin! Je me souviens, parfois, Qu'à l'âge de neuf ans, je faillis rendre l'âme. La plage était bondée d'enfants,d'hommes et de femmes, C'était un jour férié à passer dans la joie,
En famille, en hommage à la Vierge Marie. Repas à la montagne pour nombreux Oranais, Les autres préférant la Méditerranée, Le soleil, le sable, les vagues qui varient.
Un tourbillon brutal m'emporta vers le fond Puis me fit remonter un temps à la surface. Je vis confusément des gens me faisant face Et me mis à crier, j'avais de bons poumons.
Alors que résignée, je sombrais à nouveau, Lucide, sans angoisse, je pensai à ma mère, Et compris que sa vie allait être un calvaire Que je serai pour elle un bien pesant fardeau.
La mort aurait rendu mon âme invulnérable, Préservée à jamais du mal et de l'horreur. Les miens auraient reçu une blessure au coeur, Et accusé le sort de torts intolérables.
Ce n'est qu'en vieillissant, que la sagesse fait Que ceux qui ont souffert, longtemps inconsolables, Se sentent apaisés et, à la fin, capables De terminer leur vie dans la sérénité.