Parce qu'elle écrivait, chaque soir son journal, Où elle conservait ses joies et ses souffrances, Son rêve de bâtir un projet peu banal, Son désir d'habiter un jour en douce France,
Parce qu'elle y disait, franchement son présent, Elle pouvait se voir avancer dans la vie, S'avouer ses faiblesses et ,en se relisant, Se juger, se moquer de ses folles envies.
Un soir, elle exprima l'incomparable ivresse De son premier amour, courant de sentiments Charriant à la fois fierté et allégresse, Sous un ciel étoilé propice aux doux serments.
Son cahier fut fermé sur les dernières pages Écrites au crayon . Aveu d'une douleur Qui allait perdurer, promesse d'être sage Et de persévérer en dépit du malheur.
La tendre jeune fille est restée amoureuse De l'ami infidèle et ce, éperdument. Elle cachait sa peine, on la croyait heureuse. À force d'espérer, l'oubli vint lentement.
Les années ont passé. Maintenant, vieille dame, Elle osa feuilleter son ancien cahier noir. Lors, resurgit pensive, à la fois corps et âme Celle qui écrivait, pieusement, chaque soir.