De ma mère, j'avais hérité l'habitude De chanter à tue-tête, oubliant mes soucis. J'ai gardé ce besoin, ayant grandi ainsi. C'était une impulsion dans la béatitude.
Seule ou accompagnée, sur les routes souvent, Au volant, en vélo, plongée dans l'allégresse, Parfois pour occulter une lourde tristesse, Je lançais mots et sons aux caprices du vent.
Ce m'était un moyen de demeurer sereine, Quand chagrine ou blessée, je retenais mes pleurs. La poésie m'émeut comme le font les fleurs, Enchâssée en des vers, elle dissout la peine.
Durant mon long trajet, j'ai célébré la vie. Chantant à pleine voix, je me sentais ardente. Or, depuis peu de temps, je ne ris ni ne chante. Je ne sais pas comment, j'en ai perdu l'envie.
Si je ne peux dormir, malgré ma lassitude, Et que j'espère en vain accueillir le sommeil, Ma mémoire assoupie, mais encore en éveil, Me souffle des refrains. Persistante habitude!