Tu vivais sans secret n'ayant pas de mystère, Heureuse, romantique, assoiffée de beauté. Tu récitais des vers aimés, jamais austères, Tu chantais constamment, sereine ou exaltée.
Ton sonnet préféré fut celui de Arvers. Tu nous le murmurais comme une confidence. Tu semblais savourer les mots de chaque vers. Je le disais par coeur à mon adolescence.
Tu n'as jamais cessé de nous émerveiller. Tu avais le pouvoir qui était remarquable De mémoriser tout ce qui t'ensoleillait, Poèmes, monologues et amusantes fables.
Ma langue maternelle fut celle des poètes. Comptines, chansonnettes nous étaient proposées. Me ravissait souvent et me mettait en fête Un charmant compliment que des vers composaient.
Il m'arrive aujourd'hui, quand je suis solitaire, D'entendre une chanson revenue d'autrefois. Je reconnais ta voix mélodieuse et claire Et peu à peu les mots qui se chargent d'émois.
Je te l'ai dit souvent, certes tu le savais, Tu m'as gorgée de vers dès ma petite enfance, Parfois quand tu veillais, aimante, à mon chevet, Je te dois mon amour de la langue de France.