Un homme fort longtemps pleura une amoureuse, Non pas qu'elle fut morte, mais au contraire heureuse Auprès d'un bel amant qui s'était épris d'elle Et fit qu'elle devint ingrate et infidèle.
Convaincu qu'il souffrait d'un vrai chagrin d'amour, Il gardait son secret dans l'espoir d'un retour Du bonheur qu'il avait connu avec sa belle. Il la cherchait partout, sans cesse rêvait d'elle.
Il ne soupçonnait pas que c'était l'abandon Qui torturait son âme et que de tous les dons, Octroyés à l'absente, fort peu étaient réels. Il ne les avait pas d'abord tenus pour tels.
C'est du délaissement que son âme souffrit Mais c'est devenu sage, qu'à la fin il comprit. Comment avait-il pu vouloir, aveuglément, Faire d'une amourette un somptueux roman?
Rien ne ressemble plus à un élan d'amour Que cet acharnement, douloureux, que l'on met À conserver l'espoir de retrouver un jour L'être qui nous comblait, en disant nous aimer.