(pastiche de la fable Le rat de ville et le rat des champs)
Une souris des champs invita une amie, A la bonne franquette en toute bonhomie. L'amie citadine la reçut à son tour, A grands frais, fastueuse et dans tous ses atours.
Alors qu'elles goûtaient un repas des plus fins, Un fracas imprévu les apeura soudain. En hâte, elles s'enfuirent et quittèrent la ville Ne s'arrêtant rompues qu'en un endroit tranquille.
Le bruit inusité avait cessé sans doute. Après avoir flâné quelque temps sur la route, La souris campagnarde était encore en pleurs La citadine avait retrouvé son ardeur.
Chacune retourna chez elle sur le champ. L'une ayant renoncé au repas alléchant, L'autre encore affamée paraissant guillerette, Occultait le danger et la récente alerte.
Un chat qui attendait patient, invisible, S'empara sans tarder de la proie prévisible. L'invitée timorée avait certes été sage De ne pas se forcer à avoir du courage.
Ceux qui se croient élus s'en remettent au sort Or apprennent trop tard, parfois, qu'ils ont eu tort.