Alors que mes amis dispersés me délaissent, Devenus fatigués, certes pas oublieux, Ma muse me visite et m'incite sans cesse À rester en éveil, sensible au merveilleux.
L'étrange messagère agit de mon cerveau, Énonce des idées qui me paraissent claires. Je n'ai pas cogité et reçois des propos, En vers harmonieux; lors j'accueille un mystère.
Ces poèmes, je crois, sont des graines semées Qui ont, au cours des ans, germé dans la lumière, Arrosées fréquemment d'essences parfumées. L'énergie se transforme en demeurant entière.
Ce qui fut savouré, fidèlement aimé, S'incruste, se conserve en une bonne place, Se trouve, maintes fois, savamment ranimé. Les choses sans beauté ne laissent pas de trace.
Les pensées échangées, même de loin parfois, Les mots que l'on disait durant notre jeunesse, Nos désirs, nos projets, nos suaves émois, Reviennent me troubler, quand lasse je paresse.