L'ayant conservé pieusement Et ne le trouvant pas ailleurs, Pour que ce poène ne meure, Je le copie entièrement.
Octobre
Ce sang ne séchera jamais sur notre terre Et ces morts abattus resteront exposés Nous grincerons des dents à force de nous taire Nous ne pleurerons pas sur des croix renversées
Mais nous nous souviendrons de ces morts sans mémoire, Nous compterons nos morts comme on les a comptés Ceux qui pèsent si lourd au fléau de l'histoire S'étonneront demain d'être trouvés légers.
Et ceux qui se sont tus de crainte de s'entendre Leur silence non plus ne sera pardonné Ceux qui se sont levés pour arguer et prétendre Même les moins pieux les auront condamnés.
Ces morts, ces tristes morts sont tout notre héritage Leurs pauvres corps sanglants resteront indivis. Nous ne laisserons pas en friche leur image Les vergers fleuriront sur les prés reverdis.
Qu'ils soient nus sur le ciel comme l'est notre terre Et que leur sang se mêle aux sources bien aimées L'églantier couvrira de roses de colère Les farouches printemps par ce sang ranimés.
Que ces printemps leur soient plus doux qu'on ne peut dire Pleins d'oiseaux , de chansons, et d'enfants par chemins Et comme une forêt autour d'eux qui soupire Qu'un grand peuple à mi - voix prie levant les mains