On peut me trouver douce et souvent je le suis Mais j'entre aussi parfois en des colères inouïes. Je ne supporte pas les torts de l'injustice. Je me fais, si je peux, l'ardente protectrice Des faibles qu'elle affecte et qui sont sans recours. Même sans leur avis, je vais à leur secours.
L'énergie qui m'anime et me rend furieuse, Modifie mon portrait de personne rieuse. J'accuse sans pitié, trouvant les arguments, Qui confondent et condamnent inexorablement. L'avocat défenseur, parfois, change de rôle , Et c'est à dénoncer que lui sert la parole.
Je n'ai jamais plaidé pour de méchantes gens Et j'ai souventes fois aidé des innocents. Hélas! aux temps nouveaux, des millions d'êtres souffrent La haine et la folie les poussent dans des gouffres. Rien n'arrête le mal, ni les dieux ni les rois. Accablés les croyants s'en remettent à leur foi.
Avec les ans, lassée, je deviens fataliste. J'ai perdu la ferveur qui rend idéaliste. Or, ponctuellement ma colère se ranime. Quand ,dans mon entourage, il est une victime, Non du sort mais d'humains cupides ,destructeurs, Je revêts aussitôt l'habit d'un procureur.
Encore une autre fois, j'entreprends un combat Contre l'ignominie que je n'accepte pas. Je prévois m'acharner contre une indigne femme Qui par cupidité, d'une façon infâme, Exerça, sur un homme âgé et dépendant, Un pouvoir impensable, odieux, dégradant.