Il y a ce parfum de pisse sortant des poubelles Il y a ce vieux clodo, par terre, à moitié mort Et les gens pressés qui passent devant sans remords
Il y a ce foutu train que je viens de manquer Il y a ce troupeau qui se regroupe sur le quai Et les gens stressés qui attendent, sans bruit, blasés
Il y a ce silence d'abattoir, d'animaux morts Il y a ce jeune et con VRP en costard Et qui s'en va vendre des alarmes à des smicards
Il y a ce connard qui parle fort dans son portable Il y a cette petite vieille qui ne va pas travailler Et qui pourtant me pousse sur le quai pour entrer
Il y a cette blonde maquillée de la tête aux pieds Il y a aussi ce vieil ouvrier portugais Et pour lui l'été ce sera pas Saint-Tropez
Il y a cette chaleur insoutenable dans la rame Il y a ce jeune étudiant encore insouciant Et pour lui la retraite ce sera à cent ans
Il y a là toute une meute qui a perdu espoir Il y a en sortant à Pigalle ces filles de joie Et pour elles ce sera l'enfer et pas la joie
Il y a le si pénible devoir d'aller en cours Il y a en arrivant à la porte du lycée Ce surveillant avec l'envie de me faire chier
Il y a paraît-il comme un retard de ma part Il y a en lui la crainte de perdre son sale boulot Et en moi aucune, juste la flemme de faire un mot
Il y a mon dégoût de vivre chaque jour le même jour Il y a comme une routine quotidienne détestée Et en moi l'envie de cracher ça sur papier