Tant pis pour la jeunesse, je préfère déguerpir Si cela me permet d'encore toujours écrire A la gueule du sacré, de ces rires sans humour ; Je veux pleurer de joie tout en faisant l'amour A mes pairs soi-disant fanatiques du pire Qui savent mieux que quiconque s'adonner au plaisir, A ton corps ruisselant aux mille et mille contours, Pénétrant comme un « oui » dans l'oreille d'un sourd. Tant pis si mes amis s'écartent jusqu'à s'enfuir, J'ai les poumons pleins d'encre et les mots qui respirent Chaque fois qu'ils s'envolent, qu'ils se posent ou qu'ils courent, Sans craindre que les heures se délayent à leur tour. Quelle folie de garder les plus beaux souvenirs Comme s'ils étaient fanés ! Quelle folie de fleurir Dans l'avant dépassé, le dos à contre-jour, Où le temps se démène en comptant à rebours. Tant pis et heureusement, je refuse de vieillir Sur les traces d'un Mano qui n'a pas su mentir, Mis à part pour tracer des routes de velours ; J'aime peut-être trop la vie pour qu'elle m'aime en retour. Alors le regard vert, ouvert vers l'avenir, Je reste le poète dont les vers vont noircir ; Dans un coin, à l'abri de tous les grands discours, J'attends que les fuyards viennent à mon secours.