J’y ai vu des fantômes partager l’essentiel, Un ballon dégonflé accroché au pommier, Quelques cendres refroidies, un arrière-gout de miel Devant ces feuilles mortes qui ne peuvent que tomber.
J’y ai vu tous ces arbres, verts et rouges, orangés, Une voix rappelant le silence d’aujourd’hui ; Faut-il toujours attendre que s’invite l’été Pour sentir la chaleur enflammer les amis ?
J’y ai vu une porte fermée à double tours, Quatre tables rangées, une personne attablée, Attendant une alerte, une preuve d’amour S’agiter comme s’agite la douceur du passé.
J’y ai vu une cabane, bien trop abandonnée, Des mirages accourir vers cette balançoire, Une place parait-il qu’on appelle d’amitié, Et l’étreinte passagère qui surgit, puis repart.
J’y ai vu des fous rires, des sanglots d’au revoir Pour une haie d’honneur aux allures d’amnésie ; Suis-je le seul à penser qu’au bout de ce couloir Se trouve une certitude : que chacun vit sa vie…
J’y ai vu un jardin, une framboise survivante, La saveur authentique d’une magie nuageuse Qui caresse l’émotion jusqu’à la rendre absente Dans le cœur essoufflé d’une semaine délicieuse.