Mes doigts tremblent à l'idée de répondre, à quoi bon Froisser la politesse quand elle n'ordonne pas Mais demande gentiment de mettre de la raison Dans le cœur d'un poète qui n'a rien à faire là.
Mille excuses si ma voix reste souvent enfermée, Si mon regard frileux ne souhaite pas se couvrir D'autres mots que ceux-là : je ne peux commenter... Pour un simple motif : je ne sais pas quoi dire.
Quand la plume de l'artiste se décide à chanter, Quand les rimes se cognent, s'interdisent, se caressent, Y a-t-il autre chose à faire que de les écouter Couler jusqu'à nos joues de toute leur tendresse ?
Et si souvent le peintre se sent seul au milieu De toute sa peinture qu'il a créée, pour qui ? Au fond de son exil, il sait bien qu'ils sont deux, Comme le sait le poète avec sa poésie.
Alors si ma présence n'éclaire pas les chemins Déjà très lumineux de vos magnifiques vers, Dîtes-vous bien que d'ici je n'en pense pas moins Mais que par politesse, je choisis de me taire.