J'aurai bien essayé de te cramer les yeux, comme au temps où l'amour était maître du jeu ; à nouveau cœur battant mes poings contre le mur se cognent au fantasme de ma belle écriture.
J'aurai bien essayé de ranimer l'urgence, de t'aimer sans subir l'ordinaire cadence ; à grands coups de pinceaux, repeindre sur le ventre ces jolis papillons qui glissaient dans ton antre.
J'aurai bien essayé de faire mouiller les mots, de sauter dans la flaque de nos rires-sanglots, éclabousser tes pages de rimes interdites sous ce regard fiévreux qui se fout des limites.
J'aurai bien essayé de porter bout de bras cet amour qui voltige au-dessus de nos pas, sans savoir à l'avance qu'il est si difficile de tromper sans regret nos consciences tranquilles.
J'aurai bien essayé de briser cette chaîne qui fait tourner les heures de manière sereine, à l'écart tristement des caresses en série, vivant passivement à l'écart de la vie.
J'aurai bien essayé de réveiller l'enfant abonné à l'absence depuis bien trop longtemps, te piquer dans le cou comme avant d'aller mieux, avant que le bonheur ne s'invite au milieu.
J'aurai bien essayé de broyer ta pudeur, carapace anonyme, ô jardin de tes peurs ; rassure-toi, mon amour, je promets de percer les secrets que tu souhaites à tout prix me cacher.
J'aurai bien essayé de faire fondre la glace, gardienne du reflet qui rappelle l'angoisse de se donner vivant à un autre que soi... Sais-tu, de mon côté, que mon cœur est à toi.
J'aurai bien essayé, dans ton intimité, de goûter au plaisir de te voir inondée ; tout petit bout de moi peut très bien faire en sorte, pour emplir tes désirs, devenir quelqu'un d'autre.
J'aurai même essayé d'arrêter de tenter l'impossible, par crainte de te voir t'en aller mais tu vois, rien n'y fait, je t'écris cet aveu pour te dire à quel point je te suis amoureux.