Oui. J'ai tout épuisé, puisé dans chaque goutte L'émotion a triché me voilà dans le doute. Encore. Une minute avant de tout quitter ; Le sommeil a gagné me voilà sans papier, Sans crayon, sans génie, où sont passées les rimes Qui laissaient mon regard embrasser le sublime Abîmant au passage les paupières délaissées De ces fous silencieux incapables de pleurer ? Bien sûr, j'aurais aimé inviter plus longtemps Les amis, les amours à la table des amants Pour danser essoufflé acceptant par principe : « L'essentiel tourbillonne aux fins fonds de nos tripes ». Mais hélas il arrive que l'on ne choisisse point, L'ai-je déjà répété dans l'un de mes quatrains? Si la vie est une boucle aux teintures d'autrefois, Pourquoi l'art devrait-il échapper à cela? Moi qui voulais, candide, conquérir la pudeur, Y plonger mes canines imprégnés de sueur Jusqu'à mordre la chair de la grande poésie : « Cher poète, souviens-toi... Tu l'as déjà écrit ! ». Encore. C'est donc ainsi que je fuis l'évidence, Mes doigts, à ton service Hideuse Indifférence, Ne tomberont jamais dans les mains infidèles De ces feuilles jalouses qu'on ramasse à la pelle. Et tant pis si demain j'interdis au progrès De vendre mon époque à la modernité, Je préfère tourner, retourner chaque page, Plutôt que de ramper au-dessous des nuages. Alors je sens venir le moment de l'adieu... Je me mets au défi de pouvoir faire mieux ; Qui sait si ce poème est d'accord pour laisser La place à d'autres plumes qui voudraient s'envoler.