Le froid dans les paupières et la bouche interdite, Elle attend vagabonde que le destin l'invite A choisir pile ou face, un présent d'amitié, A quitter pour de bon les rues de son passé.
Dans son dos la douceur d'un confort effrayant, En face d'elle l'inconnu au contour rassurant ; Cet étau qui la serre, quatre bras amoureux Se disputent une part trop petite pour deux.
Fait-elle confiance au temps qui semble avoir perdu Toute notion du temps ; elle ne sait presque plus Si ses yeux ont droit de couler pour elle-même, Si ses lèvres sont capables de dire encore « je t'aime ».
Et pourtant elle avance, le courage à la main, Sous ses pas immobiles se dessine un chemin Où les doutes s'évaporent au rythme de ses peurs, Sachant bien qu'un seul homme peut faire battre son coeur.
Va et vient d'un espoir aux allures de promesse ; Un blocage affamé débordant de tendresse Déverse entre ses doigts un bonheur qui se tait Et qui pleure en silence pour ne pas tout gâcher.
Le voit-elle devenir un peu plus chaque jour Celui qui est déjà son bel et grand amour ? L'évidence a sonné : quelqu'un devra souffrir Pour laisser celle qu'il aime dévoiler son sourire.
Car enfin est-ce possible de donner à ce point? Faire en sorte qu'au final ce poème finisse bien... Qu'aucun des deux ne tombe, est-ce là l'essentiel? Peut-être faudrait-il qu'elle pense un peu à elle.
Alors c'est donc ici que se termine enfin Cette belle transition partisane du chagrin, Au milieu d'une danse qui ne peut s'arrêter : Nul besoin de choisir quand on l'a déjà fait.