Regarde-la, toi aussi, marcher dans les nuages, Que je sois pas le seul à comprendre la beauté. J’ai beau écrire encore ces lettres sur mes pages, Les braves gens me répètent : « On t’entend pas parler ».
Écoute-la, toi aussi, craquer entre les plumes Des poètes disparus, du pigeon écrasé. Alors parfois, c’est vrai, je bois, et puis je fume Pour un peu oublier qu’on me traite de perché.
Ressens-la, toi aussi, tourner dans le bas ventre Cette impression sereine que tout peut basculer. Je suis faible, trop fragile, désolé si je rentre Dans la case du connard qui veut tout bousculer.
Goute-la, toi aussi, aux frontières de mes lèvres Qui crachent de leur orgueil le plus doux des poisons : Conformité, hélas, si présente qu’on en crève, Qu’on devient chaque jour un peu plus des moutons.
Caresse-la, toi aussi, jusqu’à nous faire trembler, Je le sais, je l’ai vu, tu es loin d’être morte. Et si dans un midi, vient sonner la beauté Demande donc à l’amour qu’il lui ouvre sa porte.