Toujours à la fenêtre avec les yeux gonflés, le regard qui s'arrête sur deux trois écoliers impatients de franchir les murs d'une mémoire qui ne se souvient pas avoir fait ses devoirs.
Fatiguée d'évidences, elle envie ces matins : division, orthographe, qui était Mazarin? Ces instants innocents où la soif de savoir n'avait rien en commun avec celle de boire.
A présent elle se lève pour entendre les cris de quelques chenapans échappés de leur lit, comme si ce spectacle ignorait la bouteille qui attend son retour aux cotés du réveil.
Elle s'imagine enfant au milieu de la cour, s'évadant avec eux en criant : « Au secours ! On a volé ma vie! Laissez-moi retourner à l'époque indomptable de la naïveté. »
Personne ne remarque sa fragile présence, chacun passe devant comme passe l'enfance et pourtant elle est là, dégustant à rebours le plaisir de sourire dix minutes par jour.
Les mystères envolés, le cynisme a parlé : « Ni mauvaise ni belle, la vie est ce qu'elle est. » Elle sait que demain souillera de nouveau les miroirs gobe-mouche de ces petits marmots.
En attendant la fin (qui ne saurait tarder), elle boit, elle fume, voudrait accélérer ses journées sans couleur qui ne rougissent plus que pour quelques gamins qui arpentent sa rue.
Est-ce déjà écrit sur la pierre sacrée ? ... Ici repose en paix, la Dame aux écoliers... qui un jour de folie, à vouloir les connaître, s'est un peu trop penchée en ouvrant sa fenêtre.