Bien certain D’avoir éteint Les souvenirs des lendemains, Il cueillit sa délivrance Entre les mains de l’existence : « C’est à moi, le silence, De te sortir de là ! Écoute, écoute-moi, Derrière le bruit, dessous les formes, tu m’entendras. » Toujours muet, ou à peu près, Le cœur bavant sa vérité, Il ouvrit ses pensées Le temps d’un questionnement : « Je t’ai cherché dans le présent, Dans le futur, ou dans l’avant, Mais rien. Et maintenant tu me dis Que tu es juste ici ? Que ta porte d’entrée est une porte de vie ? Permettez-moi d’en douter, encore. » Sur cette parole bien trop sonore, Le silence, dans son cri de mort, Pardonna l’innocent de n’être qu’ignorant : « A ce propos, cher absent, Ne crois-tu pas qu’il est grand temps De te trouver un nom ? » Rejetant d’un coup d’œil la plus grande des questions, L’homme sans nom Retourna, sans faire face, Sur les traces De son impasse : « Tu es peut-être d’or, Mais souvent tu m’endors ! Je préfère le mental à cette vie de confort. » Alors, dans un bâillement un peu déçu, Le silence conclut : « Réponds-moi, cher absent, comment t’appelles-tu ? »