Allongé, fatigué, Les yeux plus lourds qu’un cœur en paix Il tomba silencieux, et se mit à rêver : « Qui es-tu étranger, que fais-tu dans ma tête ? Je croyais être seul, le seul roi de la fête, A danser le tango de mes tristes facettes. » L’inconnu se retourna, Puis, se jetant dans ses bras, Pour la millième fois, Il dit : « Tu viens me voir toutes nuits, Mon ami, rappelle-toi, j’habite ici Au milieu de tes regrets, Dans tous ces beaux chagrins que tu n’oses t’avouer. » Alors, l’air étonné Par cette vision, L’homme sans nom Profita de l’instant pour saisir l’occasion : « Bon, puisque nous sommes là, tous les deux, Vas-tu enfin m’apprendre que je suis malheureux ? Peu importe, finalement, car d’après ton aveu, Demain matin, j’aurai tout oublié ! » Sur ces mots désabusés, L’inconnu répondit, sans secret, Pour la millième fois : « S’il te plaît, oublie-moi, Comment te faire comprendre que je n’existe pas ! »