On me dit d'écouter l'autre con qui s'agite Au milieu des dictées, des calculs, de mes larmes. Je regarde la porte, imagine la fuite, Mais voilà que la Voix aussitôt me condamne.
On me dit de calmer les maux de ma colère Comme si j'étais capable de vivre dans ce monde. Alors je rêve, je pars, au-delà de la terre, Mais la Voix me rattrape, et me rend à la tombe.
On me dit de percer le secret des poètes : Lire, écrire, compter, et parler de la vie. Je préfère m’éclipser au pays de la fête, Le seul lieu où la Voix ne possède pas d'amis.
On me dit d'assurer, d'être fort, d'être beau, Une personne responsable, un élève consciencieux. Mais moi ce que j'aime, c'est jouer à l'idiot, Un bonheur que la Voix ne me laisse que trop peu.
Alors pardonnez-moi, mes frères, si les jours d'accidents, L'agneau devient le loup, la patience dynamite. Au profond de mon âme, je ne suis que l'enfant D'une Voix qui me pousse à grandir bien trop vite.