Survolant malgré lui Le sourire des amis, Il posa son regard sur cet homme sans vie : « Que se passe-t-il mauvais fêtard ? N’as-tu rien d’autre à faire que de pleurer cette guitare ? Viens avec nous, mon ami, et quitte ce brouillard Qui t’aveugle le cœur. » Ébloui par cette lueur, Une goutte de sueur Ruisselant sur la joue, Le musicien répondit, oubliant les tabous : « Moi, monsieur ? Venir avec vous ? Déguster tous ensemble les orgasmes du dégoût, Jouir de l’existence, Profiter de cette chose qu’on appelle espérance, Et voir mourir le bonheur comme une triste évidence ? Désolé cher joyeux, je n’habite point cette maison. » Alors, l’homme sans nom Se força, plein de soi, à lui faire la leçon. Et de sa plus belle voix, Il déclara : « L’univers serait bien pauvre sans le vent de la joie, Regardez donc ces hommes, ces femmes, Profiter de l’instant avant qu’on les condamne ! N’est-il pas humain de nager hors des larmes ? » Fatigué, l’artiste se mit debout Et chanta, dérobant les sourires comme un sage voyou : « Je préfère la souffrance à cette joie qui rend fou… »