Dans le jardin un peu secret Du plaisir, du douillet, Pas si loin, très éloigné Du discours des sauveurs, Il défia une fleur De lui laisser son cœur : « Bonjour à toi, ô voleuse, Qu'il fait bon de vous voir si heureuse ! Mais n'êtes-vous point honteuse De courir sans boussole ? » Le regard sur l'épaule, Le sourire qui s'envole, La rose répondit : « Regardez ma couleur, cher asservi, Je possède, dans ma poitrine, le cœur de l'anarchie ! Pas d'amis, ni compagnons, Juste cette odeur qui efface nos questions. » Alors, l'homme sans nom, Lui glissa au doigt L'anneau du nirvana, Et d'une âme sucrée, il déclara : « Viens avec moi, jolie rose, Je te vois déjà à l'orée de ma prose, Tu n'as qu'un mot à dire, je t'en prie, ose ! Ma vie est bien trop courte pour la vivre sans toi. » Guérie depuis peu, la fleur se retourna, Enterrant les aveux de son beau candidat : « Tu arrives trop tard, mon amour, Car à présent je vis pour moi... »