Sur la même piste, Il désigna, en haut de la liste, Le tout premier des nihilistes : Une pierre, allongée sur la route : « Alors c’est vous qu’il faut que j’écoute ? J’en suis bien là, ça ne fait aucun doute. Mes yeux, hélas, ont perdu leur fin, Et je sens chaque matin M’accompagner sans nul chemin. » Attristé d’engager Un nouvel égaré, Le caillou révolté Applaudit doucement Le réveil douloureux de l’ancien absent : « Tu es libre à présent, Ni Dieu, ni bonheur, juste le néant Pour unique chaleur ! Et le bien ? Pour les prêcheurs ! Et le mal ? Pour les pêcheurs ! » Moins convaincu qu’à l’admission, L’homme sans nom Posa, innocemment, la petite question : « Je suis plus que d’accord : On naît, on vit, et puis il y a la mort. Mais comment respirer encore Sans cette foi qui anime ? » Alors, dans un courant presque sublime, La pierre vide s’avança vers sa future victime Puis, d’une allure massacrante, Elle brisa la naissance d’une très belle entente : « Passe donc ton chemin ! Misérable plante… »