Ravagé d’incertitude Le silence et le brouillard comme seules habitudes, Il décida d’aller ranger sa pesante solitude Dans les yeux d’un ami : « Enfin te voici, J’ai manqué devenir sage entre les bras de la folie ! Me voilà donc perdu, Je t’en prie, aide-moi, ô toi mon dévolu, J’ai besoin d’un élu Pour confier ma confiance. » Flatté de la sentence, Saisissant bien l’état d’urgence De ce triste paysage, Le fidèle serviteur Se fit honnête, le temps d’une faveur : « Mon frère, tu me fais peur ! Que ferais-tu à ma place ? Je suis l’ami du côté pile, hélas, Mais pas celui du côté face. » Le sanglot long Jusqu’à l’oreille de ses poumons, L’homme sans nom Tira de son âme La sonnette d’alarme : « Tu as raison, tel est mon drame : Avoir cette naïveté De croire encore en l’amitié ! Pourtant je le sais. Dans toutes mes errances, Je n’ai rencontré que l’absence. » Chagriné d’impuissance, La tête déjà tournée vers sa prochaine bataille, Le fidèle offrit sa bouche comme un ami sans faille : « Je suis vraiment désolé, mais là, Il faut que j’y aille… »