Devant le bâtiment, Le pas plus qu’hésitant, Il s’arrêta pour contempler le souvenir de ce présent : « Encore une journée qui s’annonce sans surprise, Pantalon, cravate, veste, chemise, Et le regard blessé de ma belle entreprise Qui s’incline à mes pieds. Il ne manque plus qu’un berger Pour haïr ce métier ! Tiens, justement, le voilà qui approche. » La main gauche dans la poche, La main droite qui reproche, Le petit chef, aux doigts croisés, Souhaita une bonne rentrée Aux nouvelles arrivées : « Le système est moisi, Et pour tout dire, moi aussi, Trouvez d’autres raisons pour gagner votre vie ! Le travail, vous le savez, est devenu un poison. » Rassuré par le discours du patron, L’homme sans nom Leva le bras, demandant la parole : « Monsieur, pardonnez-moi si je m’envole, Ma vie n’est pas ici, sur votre triste sol. Je veux du plaisir, De la joie, des fous rires Et la preuve que mes heures ne viennent plus me mentir ! » Amusé par ce drôle de constat, Le berger ricana : « Un conseil, cher mouton : ne volez pas trop bas… »