Un peu moins perdu mais toujours solitaire, Il croisa dans les airs Le regard solidaire Du plus grand des oiseaux : « Que fais-tu, jeune humain, à guetter les moineaux ? » L’homme répondit aussitôt : « Je cherche en vain mon ultime liberté, Celle que la nature nous a jadis attribué. Dis-moi, ô grand condor, sauras-tu me conseiller ? » L’oiseau sourit, Se posa près de lui, Ravi de célébrer le message de la vie : « Bien sûr, jeune humain, écoute mon histoire, Abandonne tous ces rêves que tu appelles espoir. Et vis, respire ce beau matin comme si venait le soir. » Éclairé par cette chanson, L’homme sans nom Ferma son troisième œil, fixé vers l’horizon, Sa bouche septique reprenant le dessus : « Merci, mais de quoi parles-tu ? N’y a-t-il rien de bon à penser l’inconnu ? » Agacé mais dévoué, Le condor aux ailes fatiguées Reprit le fil de sa pensée : « Je me moque bien de croire, De danser la foi des hommes dans vos tristes miroirs. Regarde-moi, jeune humain, je suis mon seul devoir ! » Envieux de cette morale, L’homme interpella l’oiseau sur la question du mal : « Mais alors, ô condor, la liberté n’est qu’animale ! N’y a-t-il rien pour moi, qui suis loin de tes frères ? » Alors l’oiseau lui offrit une larme en guise de prière : « Désolé, jeune humain, mais pour toi, la liberté sera L'enfer... »