Me revoilà mouillé, sombre et sale comme tu aimes, J’ai pas tenu deux mois, ô petite encre noire ! Pourtant tout allait bien si loin des chrysanthèmes, Si bien qu’il faisait clair à l’ombre du brouillard.
Il est mort, avant-hier, de quoi te mettre en joie, Moi je l’ai vu pleurer, ô petite encre noire ! Alors que nous dansions si loin de cette croix Qui s’agite aujourd’hui comme un simple mouchoir.
Il arrive, parait-il, que tu nous rends plus fort, Laisse-moi rire et chialer, ô petite encre noire ! Car mes yeux dans son cœur se répètent : « Il est mort, Plus jamais son visage n’habillera de miroirs ».
Je l’ai laissé partir, toute seule avec toi, Seule à bord de ce train, ô petite encre noire ! J’imagine ses larmes crier qu’elle n’y croit pas, Vingt-deux heures cinquante-cinq, elle arrive à la gare.
Son frère son père sa mère sont là pour te chasser, Mais ça te fait sourire, ô petite encre noire ! De voir qu’il n’y a pas qu’elle sur le point de saigner, Ils s’embrassent, réalisent qu’il est déjà trop tard.
Puis demain apparaît, inévitablement… Tu te lèves auprès d’elle, misérable encre noire ! Onze heure sonne dans l’église : début de l’enterrement, Et je ne suis pas là pour vivre son cauchemar.