Si tu veux me parler de ce qui ne va pas ou même (si tu insistes) de tes moments de joie, je suis là pour entendre sans jamais découper le récit délicieux de larmes sucrées.
Si tu veux écouter une chanson sans conseil simplement pour laver le creux de tes oreilles, je suis là, devant toi, comme un câlin sourire qui n'attend qu'une chose : que tu viennes t'y blottir.
Si tu veux dérégler la machine « terre à terre », contempler l'inutile de derrière mes paupières, je suis là, bricoleur, pour construire dans tes mains toutes sortes de choses qui ne servent à rien.
Si tu veux à ton tour sursauter dans le vide, tomber jusqu'à chercher le repos de tes rides, je suis là, rassure-toi, pour rattraper au vol tout ce que j'ai laissé aux pieds de l'autre folle.
Si tu veux enfermer, dans ta bulle sauvage, la plaie rouge entrouverte de ton dernier voyage, je suis là, désolé, que tu le veuilles ou non pour appuyer dessus sans défier ton pardon.
Si tu veux aboyer à t'en briser les dents et mordre, s'il le faut, dans la chair du gagnant, je suis là compagnon de ton ventre affamé pour jouer aux échecs et perdre à tes côtés.
Si tu veux deviner au lieu d'apprendre à lire, demander à ta peau à quel point elle transpire, je suis là pour poser cette simple question : ai-je tort d'approuver lorsque tu as raison?
Si tu veux me faire croire que tu n'as pas compris ce poème étouffant que tu es mon ami, je suis là pour laisser cet ultime quatrain respirer à ta place, si tu en as besoin.