Je présente mes excuses aux lecteurs infidèles pour avoir inondé, de mon encre rebelle, les jardins innocents qui ne demandaient rien d'autre que de mûrir en dehors de mes mains.
A trop vouloir couler sur les joues du sublime, me voilà orphelin, piétiné par mes rimes qui ne savent plus comment toucher le coin des yeux de tous ceux qui voudraient qu'on les prenne au sérieux.
Un poème de plus, une larme de moins ; comment leur en vouloir de passer leur chemin ? Quand les mots s'additionnent sans arrêt, impatients de sortir de ma plume trop égoïstement…
Comme si je voulais éviter ce regard, celui dont je m'applique à ne pas décevoir ; caché derrière l'ego de la première personne, cela fait un moment que plus rien ne l'étonne.
Qu'on me soulage alors d'être au centre de tout ! Et d'avoir le devoir de leur dire : « C'est à vous de créer, à toute heure, les morceaux de beauté que je ne verse plus sans vous ensommeiller. »
Et que l'on me pardonne… Car j'ai voulu bien faire, je n'ai jamais écrit dans le but de leur plaire ; mais hélas c'est ainsi, avec la poésie, nul ne peut se prétendre à l'abri de l'ennui.