Ce recto qu'on adore, saurait-on le haïr ? Quand il chasse la couleur de ses plus belles fleurs, Renonçant au meilleur, absorbé par le pire Et fuir pour mieux trahir son putain de bonheur.
Ce verso qu'on déteste, saurait-on le chérir ? Quand il touche le cœur d'une sœur ou d'un frère... Là, présence sans pudeur, incapable de mentir : Amour et puis amour à chaque bout de sa chair.
Ce recto qu'on admire, saurait-on le renier ? Quand, tout seul, il s'évade au pays de l'ivresse, Rien à foutre du partage, des discours sans beauté ! Il s'attache au cynisme pour ne pas vivre en laisse.
Ce verso qu'on vomit, saurait-on l'embrasser ? Quand ses yeux funambules bousculent l'évidence, Un brin de poésie au fond de la pensée Et voilà qu'à la vie se colle la jouissance.
Cette feuille à deux pages, saurait-on la couper ? Sans risquer d'effacer quelques coups de crayons D'un côté ou de l'autre ; simplement accepter La faiblesse, donc la force, de ses contradictions.