Sous les draps Antarctique de ce lit quotidien, se glisse une Joconde à la beauté tranquille ; à ses côtés un corps, monotone refrain, se prépare, impatient, à viser dans le mille.
Le visage glacé par l'oubli des caresses, elle se tourne, ouvre un livre et commence à pleurer ; quand il vient se coller en bordure de ses fesses, les pages comptent le temps que cela va durer.
Va et vient qui s'annonce au rythme silencieux d'un souffle masculin, servi à la cuillère ; c'est un nouveau chapitre, ô combien ennuyeux, qui force le printemps à se perdre en hiver.
Elle attend que l'instant la conduise autre part, n'importe où, loin d'ici, dans un autre bouquin... Car elle connait trop bien les mots de cette histoire : il ne se passe rien du début à la fin.
Puis elle baille en cachette pour ne pas froisser l'homme qui s'agite vainement au-dessus du ravin et qui pense bêtement que pour se rendre à Rome, il n'existe sur terre qu'un unique chemin.
C'est alors que jaillit l'encre décolorée qui libère le poème de sa plume indigeste ; elle se lève attrapant un mouchoir en papier pour sécher ses paupières et se laver le reste.