Si les liens de nos cœurs pouvaient ne pas se nouer, Si nous communiquions de façon authentique, Si nous étions Melchior, Gaspard et Balthazar, Si enfin nos discours n'étaient antinomiques ; Comme les Mages Rois qu'une étoile a guidés, Nous serions tous en paix, sans laisser au hasard Le droit de s'ingérer dans notre cœur immense, Et d'y modifier notre comportement.
Pourquoi n'entendons-nous le discours noblement ? L’humeur altère l'eau de ce grand puits très dense, Notre cœur en émoi dans lequel l’âme prend Le magique Élixir, donné abondamment, - Mais malheureusement, comme un poison violent Affaiblit lentement et fait souffrir longtemps... - Pris si amèrement par nos très chers amis, Qu'on ne peut partager, hélas, le Pain de Vie. L’ordalie abolit enfin le vil conflit. Le coupable innocent boira jusqu'à la lie, Le Calice inhumain que le poète puise. Pourquoi faut-il toujours qu'au poète l'on nuise ?