Loin de toi les matins n'ont plus l'odeur du jasmin. Le soleil ne brille que pour certains Et le tilleul se lamente indolent dans son coin. Sans toi le cœur n'est qu'un tas de regrets, De désillusion et de sombres secrets. Il n'est qu'un gouffre abyssal, Sans lumière et sans attraits. Le visage émacié, le regard spolié, Je cherche ton haleine enivrante Dans tes draps et ta dentelle, Dans les plis de ton sourire charnel, Dans tes soupirs et tes rires, Et dans le clignement des cils. Et plus que tout, Plus que ce silence de plomb, Et cette solitude sans nom, Je cherche dans ces ténèbres qui m’habitent La blancheur de ta peau, Et le doux murmure de tes propos. Sans toi je ne suis qu'épave âme sèche et corps sans sève. Sans espoir et sans rêve, Je ne suis qu'un être sur orbite, étincelle insipide, Ou émanation stupide. Je ne suis que l’ersatz de ton amour, Et la pâle copie d'un troubadour. Sans toi je me cherche dans tes semences, Dans le doux sourire de ces frimousses, Qui me scrutent avec un regard blasé Et des questions jamais posées. Sans toi je ne suis rien, Qu'un soupir tué dans la poitrine Et ce sourire momifié sur le visage de la lune. Je ne suis qu'un poème sans rime Et un texte sans lettrine. Je n'ai ni commencement, ni fin Ni odeur, ni parfum. Je ne suis que le fantôme de tes nuits Rôdant sur les dalles de ce cimetière maudit. Seul un mot à la résonance unique Charnelle et pudique: " tu me manques"