Que j’aimerais mourir dans le nid de mes rêves! Où j’ai vu l’être aimé ravagé par la mort, Mes milliers de regrets éclataient sur son corps, Une larme a fuit de mon oeil comme la sève
De ce sapin meurtri par une hache avide Qui le laissa mourant au détour d’une nuit, De grandes entailles droites ont effacé ses rides Le lierre envahissant devint son seul appui.
Dans ce nid les héros tutoyait ma personne Venait chercher conseil pour écraser l’ennemi Et des gens inconnus ne parlant qu’en consonnes M’appelèrent à leur trône en garant de leurs vies.
J’ai passé quelques nuits dans le sein d’une fleur Tout recroquevillé, dans un sommeil paisible Le pouce entre les dents, et en bourgeon, mon coeur N’a pas éclot devant les printemps impassibles.
J’ai survolé vos terres, assis sur les nuages, Atlantide et New York s’étalait sous mon œil Surplombant l’océan dont on bafoue la rage Et les volcans éteints dont on oublie le deuil.
J’ai porté tout les âges, été l’enfant curieux Qu’on amène en forêt à l’automne tombée Qui joue avec des êtres échappant à ces yeux Que l’azur infini ne se voit plus combler.
Puis j’ai été vieillard…Oh que c’était dur! De vivre lentement dans un souffle pénible, De voir le monde autour avec des traits impurs, De porter sans gémir ce fardeau infaillible.
J’ai côtoyé les femmes aux loges des arènes Où l’homme vigoureux criait dans son élan: « Longue vie au pays, longue vie à la Reine! », Avant de succomber au dernier saignement
Ma vie s’en est allé, parfois, dans mon sommeil Sous le coup d’une lame aux mains de ma conscience. Le luxe d’un cercueil m’escorta au réveil, Et je ne fus plus rien à l’aperçu des sens.