Chrysalide
Elle se croyait si laide qu’elle passait peu de temps,
A chercher le remède à ses nombreux tourments.
« A quoi bon, pensait elle, je n’ai plus aucun charme,
Je ne suis qu’une vieille juste usée par les larmes ».
Le matin elle couvrait le reflet du miroir,
Ne voulant plus jamais son visage revoir.
Et sa peau se fanait, les sillons se creusaient,
Un teint parcheminé sur ses joues s’étalait.
Puis un jour elle tomba sur une drôle d’émission.
Jusqu’aux larmes elle ria, de voir tous ces pigeons.
« Ah vraiment quelle idée, d’ainsi se transformer !
Mieux valait accepter d’être beau ou bien laid ! »
Pour elle, rien ne pouvait changer le cours des choses,
A moins d’envisager, bistouri, ecchymoses !
Imaginant l’horreur de ces instants sordides,
Elle frissonna de peur et en devint livide.
Il fallait bien avouer que parfois elle rêvait,
A de superbes traits, réguliers et parfaits.
Elle aurait bien aimé, elle aussi, être belle,
Que des yeux extasiés déverrouillent leurs prunelles.
Mais il n’en était rien et pourtant décidée,
A elle aussi séduire, elle changeât ses pensées.
Elle partit dans les rues, courant les magasins,
Pour trouver cet éclat qui siérait à son teint.
Mieux valait dans le fond, juste un peu s’arranger,
Accrocher quelques fards, pour ses joues égayer.
Du brillant sur les lèvres à sa bouche appliquer,
Mettre de la couleur, et puis quelques reflets.
Aujourd’hui, à jamais, c’est une apparition,
Car la chenille timide a quitté son cocon.
A présent elle s’envole, oubliant ses phobies,
Cette crainte invivable de passer dans l’oubli.
La beauté n’est qu’un leurre que la mode relaie,
Illusionnant les beaux et massacrant les laids.
Cette idée de joliesse ne vaut pas tous ces drames,
L’essentiel en ce monde est bien la beauté d’âme.