J’ai connu cet endroit et bien d’autres encore, Que le vent et le froid ont gelé sans effort. J’ai passé des années sans jamais revenir, Oubliant ces contrées, grisant leur souvenir.
Et le temps a glissé, ne laissant derrière lui Qu’herbes folles et marais envahir mon pays. Je n’ai pas reconnu le chemin ombragé, Ni le coin de ma rue si souvent empruntés.
Je me souviens encore du parfum échappé Des cafés dont les stores sont à jamais roulés. J’entends bien résonner quelques rires enfantins Et claquer des souliers sur les pavés déteints.
Où est donc cette femme qui vendait des rubans, Que nos poupées diaphanes exhibaient en souriant ? Les bonbons colorés du marchand ambulant A jamais envolés dans les affres du temps ?
Je les devine encore à travers les carreaux, Fournir quelques efforts pour apprendre leurs mots. Le vieux maître est parti, le tableau effacé, Plus d’écolier ici à noircir ses cahiers.
Le village est en deuil et je n’ai pas compris, Fabriquer son cercueil en partant loin de lui. Aujourd’hui je le vois, toujours et malgré nous, Essayer de guingois de se tenir debout.