Tous les jours que Dieu fait, ils reprennent la cadence, Suivant les mêmes tuyaux, et gardant le silence. C’est à la queue leu -leu, que depuis leur enfance, Ils s’enfoncent sous terre dans cette triste ambiance.
Ils sont tant résignés, à passer tout ce temps, Dans ces galeries lugubres, ces lieux abêtissants, Qu’ils n’ont dans le regard plus aucune lueur, Et que leur teint blafard ne renvoie que pâleur.
Ils essaient d’imiter quelques autres espèces Des fourmis besogneuses ils épousent la vitesse. Arpentant les boyaux qu’ils creusèrent sous la ville, Ils s’en vont au boulot, abattus et fébriles.
Ce n’est pas de leur faute s’ils ont l’air ridicule, L’un courant derrière l’autre en ce lieu minuscule. Les couloirs sont étroits, les voies mal éclairées, Mais ils n’ont pas le choix pour aller travailler !
Les hamsters parisiens sont tous bien fatigués, Ont assez du train- train, de ces métros usés. Plongés dans leurs bouquins,cherchant à s’évader, Ils ne veulent rien de moins qu’un peu d’humanité.