Il est là, se déplace sur les flots langoureux, Et s'éloigne tout en grâce de ce port silencieux. Mouettes et Goélands, s'envolent sur son passage, Quelques fous de Bassan dorment encore sur la plage.
Il est seul à partir, à cueillir la fraîcheur, D'une aube que fait rougir un soleil sans lueur. Et la nuit lentement se déchire dans le ciel, Puis dessine un instant des contours irréels.
Il n'y a guère que le bruit du moteur qui se perd, Dans la mer engourdie par si peu de lumière. Et le bateau s'en va, glissant vers le chenal, Faisant jaillir son mât, de l'ombre matinale.
Et c'est vers le grand large qu'il s'aventure vraiment, Dans ce lieu de naufrages où les eaux bien souvent, Ont emporté les âmes et fait pleurer les veuves, Quand un terrible drame a suspendu les heures.
Puis un vent doux se lève, se changeant en murmures, Redonne vie aux lèvres qui nous content l'aventure. Tous ces instants magiques où l'homme se croit géant, Et les heures dramatiques quand trahit l'océan.
C'est à tous ces marins, que son coeur rend hommage, Moussaillons comme anciens, les enflammés, les sages. Il s'en va, les rejoint, naviguant sur ces eaux, En oubliant le grain qui creusât leurs tombeaux.
